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Ouverture de 8 950 procédures collectives au 3e trimestre 2022 : + 69 % vs T3 2021

Affaires - Informations professionnelles
26/10/2022
Hausse record des défaillances : l’été 2022 a été très meurtrier pour les entreprises ! Et sur une année, ce sont 10 000 procédures de plus qui ont été ouvertes (+ 34 %). Dans un contexte économique difficile, de nombreuses entreprises risquent de se trouver fragilisées au cours des prochains mois, ce qui fait craindre une importante hausse du niveau de sinistralité pour 2023…
Un niveau de défaillance jamais atteint en vingt-cinq ans
 
Les chiffres inscrits dans l’étude Altares du troisième trimestre 2022 montrent une augmentation régulière du volume des défaillances : + 35 % au premier trimestre, + 49 % au deuxième et + 69 % au troisième… une accélération qui semble irréversible. L’été 2022 présente ainsi un niveau de défaillance jamais atteint en vingt-cinq ans.
 
Par type de procédure, les chiffres sont les suivants (données arrêtées au 1er octobre de chaque année) :
 
 
 Ouvertures de procédure
 
 
     3e trim. 2021
 
    3e trim. 2022
 
    Évolution
 
 Sauvegardes        159 (3,0 %)        229 (2,6 %)        44,0 %
 Redressements judiciaires     1 292 (24,3 %)     2 109 (23,6 %)        63,2 %
 Liquidations judiciaires
 directes
    3 860 (72,7 %)     6 612 (73,9 %)         71,3 %
 Total     5 311 (100 %)     8 950 (100 %)         68,5 %
 
Même si le nombre des procédures de sauvegarde est toujours peu élevé, celles-ci font un "score" intéressant (plus haut niveau atteint depuis 2016). Les redressements judiciaires sont en progression (+ 63,2 %), mais ne représentent toujours que 24 % des procédures, soit moins d’un jugement sur quatre. Quant aux liquidations judiciaires directes, elles sont encore en augmentation (+ 74 %).
 
Les procédures ouvertes concernent majoritairement des entreprises de moins de 10 salariés (8 270 TPE se répartissant comme suit : 434 pour les 6 à 9 salariés, 1 116 pour les 3 à 5 salariés et 6 720 pour les moins de 3 salariés) avec un nombre de liquidations judiciaires très important.

En ce qui concerne les PME de 20 à 49 salariés, on constate une très forte hausse (186 procédures, soit + 111 %) qui les rapproche du niveau de 2019.

On notera que 45 % de l’ensemble des procédures visent les entreprises les plus jeunes : + 70,6 % pour les moins de 3 ans (1 278 défaillances) et + 81,6 % pour celles de 3 à 5 ans (2 802 défaillances).

Selon les données Altares, le nombre total d’emplois menacés s’élève à 32 970 (17 460 au troisième trimestre 2021), soit en moyenne 3,7 par entreprise (contre 3,3 au troisième trimestre 2021). Sur la période, les emplois menacés par type de procédure se répartissent ainsi :
— sauvegarde : 11,0 (contre 9,1 en 2021) ;
— redressement judiciaire : 7,6 (contre 5,5 en 2021) ;
— liquidation judiciaire directe : 2,2 (contre 2,3 en 2021).
 
Secteurs d’activité et régions

La hausse des défaillances la plus marquée concerne toujours les activités exercées en direction du consommateur (B2C) ; par exemple : restauration (+ 150 % ; + 209 % dans la restauration rapide) ; commerce de détail (+ 103 % pour les magasins multi-rayons ; + 115 % pour le e-commerce ; + 109 % pour les sport-loisirs ainsi que l'habillement) ; services aux particuliers (+ 94 % pour les salons de coiffure et instituts de beauté).

Dans les autres secteurs (B2B), la hausse tend à s’accentuer ; par exemple : industrie agroalimentaire (+ 141 % ; + 128 % pour la boulangerie-patisserie) ; immobilier (+ 83 %) ; transport de voyageurs (+ 81 %) ; publicité (+ 77 %) ; design (+ 161 %).

Quant à la répartition géographique, six régions connaissent une augmentation de plus de 80 % des défaillances sur la période : Corse (54 / + 157,1 %) ; Hauts-de-France (875 / + 116 %) ; Occitanie (814 / + 91,1 %) ; Auvergne-Rhône-Alpes (1 050 / + 87,2 %) ; Pays de la Loire (360 / + 86,5 %) ; Normandie (357 / + 82,1 %).

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est celle qui résiste le mieux (930 / + 37 %).

En conclusion

Si la barre des 38 000 défauts a été franchie, le nombre des procédures ouvertes est inférieur à celui de 2019 (53 000). Cependant, comme le souligne Thierry Millon, directeur des études Altares, "le risque de pénurie d’énergie et l’envolée des prix complexifient fortement l’équation budgétaire des prochains mois pour de très nombreuses entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité" ; et celui-ci de conclure : "Anticipation et prévention resteront les mots d’ordre".
Source : Actualités du droit