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Ouverture de 5 311 procédures collectives au 3e trimestre 2021 : - 20,8 % vs T3 2020

Affaires - Informations professionnelles
15/10/2021
Pour le troisième trimestre 2021, l’étude Altares fait ressortir un nombre de défaillances en très net recul par rapport au troisième trimestre 2020 et deux fois inférieur à celui de l’année 2019 ; et sur l’année, elle inscrit 28 000 jugements prononcés à la fin du mois de septembre, contre 37 400 l’année précédente à la même période (- 25 %). Pour autant, cette baisse régulière ne doit pas masquer la situation de fragilité dans laquelle se trouvent certaines entreprises (notamment, les PME de 10 à 19 salariés) ainsi que plusieurs secteurs d’activité et régions.
"Un vaccin contre la défaillance aurait-il été trouvé ?", s’interroge Thierry Millon, directeur des études Altares, au vu des derniers chiffres publiés ; le niveau de sinistralité recule en effet chaque trimestre depuis plus de deux ans. Au troisième trimestre 2021, on constate ainsi un recul des ouvertures de procédures collectives de 20,8 % par rapport à la même période 2020.
 
Par type de procédure, les chiffres sont les suivants (données arrêtées au 1er octobre de chaque année) :
 
 
 Ouvertures de procédure
 
 
   3e trim. 2021
 
   3e trim. 2020
 
    Évolution
 
 Sauvegardes         159 (3,0 %)         155 (2,3 %)         2,60 %
 Redressements judiciaires    1 292 (24,3 %)    1 466 (21,9 %)     - 11,90 %
 Liquidations judiciaires
 directes
   3 860 (72,7 %)    5 081 (75,8 %)     - 24,00 %
 Total     5 311 (100 %)     6 702 (100 %)      -  20,8 %
 
Même si les dirigeants en difficulté semblent un peu plus ouverts à ce dispositif de prévention, le nombre des procédures de sauvegarde reste toujours très faible. Les redressements judiciaires sont en augmentation sur un an (24,3 %), mais se maintiennent sous la barre des 30 %. Quant aux liquidations judiciaires directes, elles atteignent encore un niveau très élevé.
 
Les procédures ouvertes concernent majoritairement (93 %) des entreprises de moins de 10 salariés (4 930 TPE se répartissant comme suit : 258 pour les 6 à 9 salariés, 657 pour les 3 à 5 salariés et 4 015 pour les moins de 3 salariés), avec un nombre de liquidations judiciaires très important. Le nombre des défaillances est toutefois en baisse de 21 % par rapport au troisième trimestre 2020.

Les procédures collectives visant les PME de 10 à 19 salariés (248) sont en augmentation de 2,9 %, avec un nombre de redressements judiciaires en hausse (+ 30 %). Quant aux entreprises de 20 salariés et plus, elles totalisent tout de même 133 défaillances (- 27 %).

Selon les données Altares, le nombre total d’emplois menacés s’élève à 17 460 (26 600 au troisième trimestre 2020), soit en moyenne 3,3 par entreprise (contre 4 au troisième trimestre 2020). Sur la période, les emplois menacés par type de procédure se répartissent ainsi :
— sauvegarde : 9,1 (contre 13,5 en 2020) ;
— redressement judiciaire : 5,5 (contre 8,6 en 2020) ;
— liquidation judiciaire directe : 2,3 (comme en 2020).

La quasi-totalité des secteurs connaissent un recul du nombre de procédures (exemples : - 46,1 % dans l’hôtellerie-restauration ; - 34 % dans l’industrie agroalimentaire ; - 22,3 % dans le commerce ; - 21,8 % pour les services aux entreprises…). Toutefois, certaines activités sont fragilisées ; une augmentation des défaillances est notamment constatée dans les transports routiers de fret (+ 39 %), les travaux publics (+ 12 %), la promotion immobilière (+ 21 %), la boucherie (+ 10 %) ou encore l’industrie manufacturière (+ 5 %).

Les régions qui comptabilisent le moins de défaillances sur la période sont la Corse (- 54,3 % / 21), la Bretagne (- 30,3 % / 189) et les Pays de la Loire (- 29,6 % / 193). Avec 1 235 défaillances, la région Île-de-France enregistre une baisse de 21,5 %. Une vingtaine de départements connaissent cependant une dégradation (par exemple, l’Aube, les Bouches-du-Rhône, la Drôme, la Lozère, l’Orne, la Seine-et-Marne, le Val-d’Oise ou encore l’Yonne).
 
Ainsi que le souligne l’étude, des "signaux de fragilisation" apparaissent. Pour reprendre les mots de Thierry Millon, "un clivage s’opère donc entre les entreprises qui terminent 2021 avec un niveau de trésorerie solide, au prix d’un endettement parfois fort, et les entreprises qui manquent déjà de cash pour financer la reprise".
 
Selon la conclusion du directeur des études : "Sur le dernier trimestre 2021, les défaillances devraient pouvoir être encore contenues sous le seuil des 10 000 avant que 2022 n’ouvre la voie à des tendances bien moins favorables".
Source : Actualités du droit